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princesse s’était à demi enveloppée d’un ample manteau de satin cerise doublé d’hermine, que sa femme de chambre, qui l’avait suivie, venait de lui poser sur les épaules, après quoi Juliette me remit une paire de petits chaussons de taffetas noir ouaté, et me dit à demi-voix :

— Vous donnerez les chaussons de Madame au valet de pied de Mme Wilson ; recommandez-lui bien de ne pas les perdre.

Puis la femme de chambre rentra dans l’appartement, en me disant à voix basse :

— À tout-à-l’heure pour le thé.

Au moment de sortir du salon, Mme Wilson dit à la princesse :

— Croisez bien votre manteau, ma chère amie, il fait horriblement froid.

Se trouvant gênée sans doute par son bouquet et par son mouchoir pour se bien envelopper dans son manteau très-ample et très-long qu’il lui fallait relever pour descendre l’escalier, la princesse me remit son bouquet et son mouchoir en me disant :

— Vous me donnerez cela dans la voiture.

En recevant de sa main dans ma main son mouchoir et son bouquet dont le parfum monta vers moi par bouffées, je tressaillis, et je suivis lentement ma maîtresse, la voyant descendre, svelte et légère, les larges degrés de l’escalier de marbre.

Mme Wilson, qui la précédait de quelques pas, s’apercevant que le petit pied de la princesse était seulement chaussé de son soulier de satin blanc, lui dit d’un ton de reproche affectueux :