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— Qui est là ?

— C’est quelqu’un qui vient voir Mme Lallemand de la part de Mme la princesse de Montbar… — répondis-je.

Aussitôt la porte s’ouvrit. Je vis une petite fille de onze ou douze ans d’une figure douce et naïve.

— Mme Lallemand demeure ici ? — lui dis-je en jetant un regard sur une première pièce nue, délabrée, où aboutissait l’escalier d’un grenier sans doute.

— Oui, Monsieur, — me répondit l’enfant, — elle est couchée et ne peut pas se lever.

— Puis-je la voir, et lui parler de la part de Mme la princesse ?

— Je vais le lui demander, Monsieur, — me dit la petite fille, qui revint au bout de quelques instants m’ouvrir une porte, et j’entrai.

Une femme, jeune encore, à l’air souffrant, à la physionomie intéressante, était couchée sur un grabat, au milieu d’une chambre qui trahissait une profonde misère. Lorsque j’eus dit à cette femme qu’elle recevrait sûrement le lendemain matin la visite de la princesse, des larmes coulèrent de ses yeux, et, par un mouvement de joie touchante, elle embrassa son enfant avec effusion, puis elle m’exprima sa reconnaissance pour la princesse en des termes si simples, si naturels, si profondément sentis que, vivement ému de cette scène, je me promis de rendre compte à ma maîtresse de cette impression si favorable à sa protégée.

Quand je pense à cette heure que tout cela était de la part de cette créature une comédie qui cachait un infâme