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— Just… mon bien aimé Just… — dit le docteur Clément d’une voix expirante, et la physionomie illuminée par un dernier éclair de bonheur, — mon tendre fils… grâce à toi… je m’en vais bien heureux… au revoir… mon fils chéri…

Mon fils… ce fut le dernier mot du vieillard.

Quelques secondes après, le capitaine Just fermait pieusement les paupières de son père…

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La mort du docteur Clément me laissa des regrets douloureux. Malgré ses pressantes recommandations, si bien d’accord avec mon ardent désir d’entrer au service de Régina, je ne voulus pas prendre cette détermination sans consulter Claude Gérard ; je me rendis auprès de lui, dans le village qu’il habitait aux environs d’Évreux. Je lui racontai ma vie depuis notre séparation ; le redoublement d’affection qu’il me témoigna en suite de ce récit, me paya de toutes mes souffrances passées ; il me parut fier et heureux de voir de quel puissant secours m’avaient toujours été ses enseignements de morale pratique, au milieu de mes luttes pénibles contre le sort.

Quant à ce qu’il y avait de pur, d’élevé dans mon amour pour Régina, Claude devait y sympathiser d’autant plus, qu’il aimait passionnément et qu’il devait bientôt épouser une pauvre et charmante jeune fille, habitante du village où il était instituteur. Le père de sa fiancée, originaire de Sologne, où il avait des parents métayers, était depuis long-temps établi dans la commune ; il y exerçait la profession de voiturier ; je vis plusieurs fois cette jeune fille ; elle me parut, par sa douceur, par sa