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— Compte cent louis, et mets-en cinquante dans chacun des côtés de ma bourse, car elle est, ma foi, vide… tiens… prends-la… — dit-il en me la remettant.

J’avais attiré difficilement à moi le second tiroir, fort lourdement chargé ; dans une case séparée, je vis un assez grand nombre de billets de banque, auxquels je joignis ceux que mon maître venait de me donner. Deux autres cases, de grandeurs différentes, étaient remplies de pièces d’or et d’argent en si grande abondance, que les cent louis que je pris dans la case contenant l’or, firent un vide presque imperceptible.

Le tiroir fermé, j’en remis la clé à mon maître ; il me dit alors, en me conduisant auprès d’un bureau placé dans une petite pièce contiguë à son cabinet, et qui n’avait d’autre issue que la porte par laquelle nous entrâmes :

— Tu vas, en attendant mon retour, mettre au net les premiers feuillets de ce mémoire sur une organisation du service médical, à laquelle je travaille depuis bien des années ; puissé-je vivre assez pour le terminer ! car dans ce malheureux pays, tout languit, tout se démoralise, tout se perd, par le manque d’organisation… Une concurrence impitoyable accoutume les hommes à être impitoyables… aussi, pour parvenir, tout moyen leur est bon, heur aux forts, malheur aux faibles… — ajouta-t-il en soupirant, puis il reprit : — Une fois la copie de ces pages terminée, tu pourras disposer de ton temps jusqu’à l’heure du dîner.

Et le docteur me laissa seul.