Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/360

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et ton déjeûner, Clément ? — dit Suzon.

— Je sonnerai… je sonnerai, — répondit le docteur en disparaissant par un corridor qui aboutissait à l’espèce d’antichambre où nous nous trouvions.

La vieille servante qui tutoyait son maître, me fit signe de la suivre. Nous traversâmes deux pièces situées au rez-de-chaussée et donnant sur un jardin inculte, planté de quelques grands arbres à l’écorce noircie ; la margelle ruinée d’un bassin sans eau et les débris d’une statue de marbre, rongée de mousse, étaient à demi enfouis sous de hautes herbes qui me rappelèrent la triste verdure des cimetières.

Suivant ma conductrice, j’entrai dans une vaste chambre dont la fenêtre donnait sur la rue.

— Voilà votre logement, — me dit Suzon. — cette sonnette que vous voyez est celle de Monsieur… cette autre est celle de M. Just, le fils de mon maître.

— M. le docteur a un fils qui se nomme Just ? — demandai-je avec émotion.

— Sans doute… Et c’est moi qui l’ai élevé, — reprit Suzon, non sans un certain orgueil.

Je compris alors que, par une pensée touchante, le docteur Clément plaçait ses nombreux et intelligents bienfaits sous le nom de son fils.

Suzon reprit :

— Lorsque M. Just est à Paris, vous faites, pendant son séjour ici, son service et celui de Monsieur. Ordinairement vous m’aiderez à ranger et à approprier la maison… puis vous irez au cabinet de consultation de Monsieur, ici à côté, annoncer les visites et en tenir la