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— Pas d’enfantillages… D’abord à moi seul je ne vous crains pas… — et il tira de sa poche une paire de pistolets qu’il déposa sur l’autel, bien à sa portée.

— Et puis, — poursuivit-il en jetant un regard du côté de l’endroit où j’étais, — il y a là tout près un bon et solide garçon… qui ne me laisserait pas dans l’embarras…

— C’est ce damné Martin… j’en suis sûr, — s’écria la Levrasse.

En entendant prononcer mon nom, Robert tressaillit, parut un moment rassembler ses souvenirs et ferma ses deux poings avec rage, pendant que Régina, muette, le regard opiniâtrement attaché sur Robert, ne semblait pas remarquer l’incident soulevé par mon nom.

— Que ce soit Jacques, Pierre ou Paul, qui soit là… prêt à venir me donner un coup de main, — reprit Bamboche, — peu importe, mais je vous ordonne à tous deux de contenir les emportements de M. le comte… Je veux dire tranquillement ce qui me reste à dire.

Robert de Mareuil, redoublant d’audace, haussa les épaules avec dédain et dit à Bamboche :

— Parlez… parlez… je ne vous interromprai pas… et vous, Régina… écoutez-le aussi, je vous en conjure… au nom de notre amour.

Régina ne répondit rien ; ses yeux restèrent obstinément arrêtés sur Robert, qui ne put soutenir ce regard d’une fixité menaçante ; la physionomie de la jeune fille n’exprimait plus alors ni douleur, ni épouvante, mais une indignation mêlée de mépris, dont une sombre curiosité semblait seule arrêter le terrible éclat.