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CHAPITRE II.


histoire de basquine.


Plus j’examinais Basquine, plus je remarquais en elle une élégance de manières, dont je n’avais pas été tout d’abord frappé, et qui me rappelaient vaguement Régina, car je ne pouvais juger d’après un autre point de comparaison, ma vie s’étant jusqu’alors passée dans les plus infimes conditions.

La révélation du talent de Basquine m’avait causé plus d’admiration que de surprise ; il me paraissait la conséquence, le développement presque logique de ses dons naturels, déjà si remarquables dès son enfance ; mais cette grâce, cette distinction de manières, qui ne s’acquiert que par l’habitude du grand monde, comment Basquine les possédait-elle ? comment son langage était-il devenu toujours correct, réservé, souvent choisi, quelquefois éloquent et élevé ?

Bamboche, avec sa verve cynique, railleuse et son éducation de prison, alimentée par une foule de lectures bonnes ou mauvaises, parlait le langage qu’il devait tenir, et son geste trivial, ses façons grossières ou violen-