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de grâce, de finesse et de charme ; j’admirai avec quelle exquise courtoisie il conduisit la triste délaissée jusqu’à sa voiture avancée au pied du perron ; puis l’inconnu remonta rapidement les degrés, et entra au Musée d’un air empressé.

J’allais enfin connaître le nom de ce jeune homme ; j’avais remarqué la couleur de la livrée de ses gens, et je vis bientôt s’avancer de mon côté le valet-de-pied qui venait d’accompagner la voiture.

— Monsieur, — dis-je à ce garçon d’une taille de tambour-major ; — cette belle voiture verte derrière laquelle vous étiez, n’appartient-elle pas à M. le prince de Montbar ?

— Oui… jobard, — me répondit le colosse, après avoir dédaigneusement toisé ma modeste livrée bourgeoise, et paraissant très-choqué de ma familiarité.

Trop satisfait du renseignement que je venais d’obtenir pour me soucier beaucoup de la peu flatteuse épithète dont on m’avait salué, je m’éloignai de cet orgueilleux confrère.

Plus de doute pour moi, l’inconnu du cabaret des Trois-Tonneaux était le prince de Montbar ; sans doute il venait au Musée dans l’espoir d’y rencontrer Régina. Celle-ci était sans doute déjà arrivée, car, après quelques recherches, je découvris parmi les domestiques la livrée du comte Duriveau, qui avait dû conduire au Louvre Régina et son père. Désirant autant que possible m’assurer du fait, je m’approchai du groupe où j’apercevais deux valets-de-pied vêtus de livrée brune à collet bleu et galonnés d’argent. L’entretien paraissait fort animé de ce côté.