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À ces questions que je me posais en toute sincérité, je répondis :

Le mobile auquel j’obéis est le dévoûment le plus absolu que puisse inspirer un amour aussi passionné que respectueux et désintéressé, un amour qui doit être et sera toujours ignoré de celle qui l’inspire…

Le bien que je me propose est de protéger, de défendre, autant que me le permet mon humble condition, une noble jeune fille que je crois… que je sens menacée.

La nécessité qui m’impose l’obligation d’agir comme je fais, est absolue : je n’ai aucun autre moyen de m’assurer des véritables intentions de Robert de Mareuil… et d’ailleurs, j’en atteste le ciel !… si mes soupçons ne sont pas fondés, si je reconnais la droiture du caractère de ce jeune homme, si ses projets, si ses espérances sont partagées par Régina, quelque douloureuse que me soit cette résolution, je serai aussi zélé pour servir les desseins de Robert de Mareuil que je leur aurais été hostile dans le cas contraire.

Enfin, dernière épreuve, après m’être demandé en mon âme et conscience, si mon action aurait été approuvée par Claude Gérard, à la sanction de qui je reportais toujours mentalement mes actions… je me décidai…

Au bout d’une demi-heure, une communication acoustique, parfaitement masquée, existait entre la chambre voisine et la mienne. Les sons m’arrivaient si distinctement, qu’ayant allumé du feu dans la cheminée de cette chambre occupée par mes maîtres, j’entendis