Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme pour les peintures… Delacroix, Paul Delaroche et Amaury-Duval se chargent de quelques-unes… Je voudrais avoir M. Ingres ; mais M. le duc de Luynes me l’accapare pour son château de Chevreuse, c’est désolant… Ah ! Robert, Robert… — ajouta mélancoliquement le poète, — que je comprends bien à cette heure tous les ennuis, tous les tracas des Médicis !

Robert de Mareuil, une fois en possession du précieux morceau de colle à bouche, s’était occupé de cacheter sa lettre de son mieux, paraissant prendre peu de part aux doléances du poète, au sujet de l’ornementation de son palais ; quant à moi, je fus parfaitement convaincu : la vue du plan avec ses bandelettes rajoutées, et surtout la commande d’une truelle d’argent et d’une augette d’ébène, pour la pose de la première pierre du palais, furent pour moi d’un effet irrésistible. Je commençai de croire Balthazar un de ces millionnaires au caractère bizarre, qui se plaisent à cacher leurs trésors sous une pauvreté apparente ; aussi le pour-boire de vingt-cinq louis qui m’était promis ne me parut plus trop fabuleux ; mais de plus graves pensées m’occupèrent bientôt, car Robert de Mareuil, me remettant la lettre qu’il venait d’écrire, me dit :

— Sais-tu, mon garçon, où est la rue du Faubourg-du-Roule ?

— Oui, Monsieur… à-peu-près. Il n’y a pas long-temps que je suis à Paris… mais je demanderai… et je la trouverai, bien sûr.

— Tu iras au numéro 119…

— Oui, Monsieur…