Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment obscur et inconnu d’elle, qui avait commencé par le culte du tombeau de sa mère…

Balthazar crut sans doute que je réfléchissais à sa proposition, car il me dit :

— Ne te presse pas de me répondre, Martin… mais qu’une fois prise… ta résolution soit immuable…

Craignant d’inspirer des soupçons si j’acceptais trop vite, je répondis en hésitant :

— Mais, Monsieur, je ne sais pas si je pourrai… il faut tant de choses pour être bon domestique…

— Tu possèdes toutes les qualités requises : tu es surtout simple et naïf… oui, tu es de ceux à qui le royaume des cieux est promis, et qui auront un jour une belle paire d’ailes blanches qui leur caressera les reins pendant l’éternité. Le diable me garde des Frontin ! des Scapin ! des Figaro ! Tu ne sais pas ce que je veux te dire avec ces noms-là ? Tu me regardes d’un air stupide, mon brave Martin… Tant mieux… voilà ce que j’aime. Tu n’as qu’un défaut… c’est de savoir lire… mais au moins tu ne suis pas écrire ?

— Pardon, Monsieur… un peu.

— Tant pis… mais on ne peut être parfait. D’ailleurs avec de la suite et de l’application, tu peux parvenir à désapprendre très-joliment… Voyons, est-ce dit ? veux-tu être notre domestique ?

— Si vous croyez que je pourrai vous convenir, Monsieur… dam… moi je veux bien essayer.

— Tu es à nous, je te donne quarante-cinq francs du denier-à-dieu… ils seront capitalisés avec le reste…