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— D’ici à bien long-temps je n’oublierai ce bonheur-là.

— C’est si rare, le bonheur !…

— Oui, bien rare…

— Ma foi, moi, à défaut de ce que je n’ai pas, je m’amuse quelquefois à rêver ce que je voudrais avoir, à me dire : Voilà ce que je désirerais être… voilà la fortune que j’ambitionnerais… Et vous, Fleur-de-Marie, quelquefois ne faites-vous pas aussi de ces rêves-là, de beaux châteaux en Espagne ?

— Autrefois, oui, en prison ; avant d’entrer chez l’ogresse, je passais ma vie à ça et à chanter ; mais depuis, c’est plus rare… Et vous, monsieur Rodolphe, qu’est-ce que vous ambitionneriez donc ?

— Moi, je voudrais être riche, très-riche… avoir des domestiques, des équipages, un hôtel, aller dans un beau monde, tous les jours au spectacle. Et vous, Fleur-de-Marie ?

— Moi, je ne serais pas si difficile : de quoi payer l’ogresse, quelque argent d’avance pour avoir le temps de trouver de l’ouvrage, une gentille chambre bien propre d’où je verrais des arbres en travaillant…