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— Jusqu’à présent avez-vous aimé quelqu’un ?

— Jamais, monsieur Rodolphe !

— Pourquoi cela ?

— Vous avez vu les gens qui fréquentaient le tapis-franc… Et puis, pour aimer, il faut être honnête.

— Comment cela ?

— Ne dépendre que de soi… pouvoir… Mais tenez, si ça vous est égal, monsieur Rodolphe, je vous en prie, ne parlons pas de ça…

— Soit, Fleur-de-Marie, parlons d’autre chose… Mais qu’avez-vous à me regarder ainsi ? voilà encore vos beaux yeux pleins de larmes… Vous ai-je chagrinée ?

— Oh ! au contraire ; mais vous êtes si bon pour moi que cela me donne envie de pleurer… et puis vous ne me tutoyez pas… et puis, enfin, on dirait que vous ne m’avez emmenée que pour mon plaisir à moi, tant vous avez l’air content de me voir heureuse. Non content de m’avoir défendue hier… vous me faites passer aujourd’hui une pareille journée avec vous…

— Vraiment, vous êtes heureuse ?