Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rodolphe était toujours habillé en ouvrier, mais on remarquait dans ses vêtements une certaine recherche ; sa blouse neuve, ouverte sur la poitrine, laissait voir sa chemise de laine rouge, fermée par plusieurs boutons d’argent ; le col d’une autre chemise de toile blanche se rabattait sur sa cravate de soie noire, négligemment nouée autour de son cou ; de sa casquette de velours bleu-de-ciel, à visière vernie, s’échappaient quelques boucles de cheveux châtains ; des bottes parfaitement cirées, remplaçant les gros souliers ferrés de la veille, mettaient en valeur un pied charmant, qui paraissait d’autant plus petit qu’il sortait d’un large pantalon de velours olive.

Ce costume ne nuisait en rien à l’élégance de la tournure de Rodolphe, rare mélange de grâce, de souplesse et de force.

Nos habits sont tellement laids qu’on ne peut que gagner à les quitter, même pour les vêtements les plus vulgaires.

L’ogresse se prélassait sur le seuil du tapis-franc lorsque Rodolphe s’y présenta.

— Votre servante, jeune homme ! Vous venez sans doute chercher la monnaie de vos