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— Stupides que vous êtes ! vous croyez ces prêtres ! Jeanne allait donc après la bataille boire le sang des cadavres !

— Vous la défendez !

— Oui ! Ah ! pourquoi suis-je seul !

— Vous êtes un traître !

— C’est un Armagnac !

— À mort l’Armagnac !

La foule assomme de coups le défenseur de l’héroïne. Celle-ci n’a plus, pour ainsi dire, conscience de ce qu’elle entend, de ce qu’elle dit, son esprit s’égare ; elle n’a plus que la force et l’intelligence de répondre machinalement : — Je le confesse, — à chaque fois que l’évêque Cauchon lui dit : — Le confesses-tu ? — Elle conserve cependant assez de raisonnement pour penser que cette agonie ne peut longtemps se prolonger ; dans quelques instants, elle aura fini d’abjurer, elle sera morte ou libre !

l’évêque cauchon, lisant. — « Cinquièmement, moi, Jeanne, je confesse avoir grièvement péché en soutenant que tous mes actes, que toutes mes paroles, m’étaient inspirés de par Dieu, ses saintes et ses anges, tandis que je méprisais Dieu et ses sacrements, et que j’invoquais constamment les mauvais esprits ! » (S’adressant à Jeanne.) Le confesses-tu ?

jeanne darc. — Je le confesse !

voix, dans la foule.— Elle confesse sa sorcellerie, et on ne la brûle pas !

— Par saint Georges ! elle a exterminé, par maléfices, des milliers de nos compagnons de guerre, et elle échapperait au bûcher !

— Calmez-vous, elle sera brûlée plus tard ; nos capitaines nous l’ont promis !

— On peut les croire !

— S’ils nous trompent, nous la brûlons nous-mêmes !

l’évêque cauchon, lisant. — « Sixièmement, moi, Jeanne, je con-