Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le chanoine maurice. — « Huitièmement, Jeanne, tu as dit que tu étais sautée de la tour du château de Beaurevoir, aimant mieux risquer de mourir que de tomber aux mains des Anglais ; et que, malgré le conseil de tes saintes, qui t’ordonnaient de ne pas tenter de t’échapper ou de te tuer, tu as persévéré dans ton projet.

» Jeanne, l’Église te déclare coupable d’avoir lâchement cédé au désespoir, d’avoir voulu être homicide envers toi-même, et criminellement interprété la loi du libre arbitre humain… »

Jeanne Darc sourit avec dédain en entendant ces prêtres lui reprocher à elle, victime d’une horrible trahison, d’avoir tenté d’échapper à ses ennemis, qui venaient de la vendre dix mille écus d’or aux Anglais.

le chanoine maurice. — « Neuvièmement, Jeanne, tu as dit que tes saintes t’avaient promis le paradis, si tu conservais ta virginité, vouée à Dieu ; et que tu étais aussi certaine du paradis que si tu jouissais déjà de la félicité des bienheureux ; tu as dit que tu ne te croyais pas en péché mortel, parce que tu entendais toujours les voix de tes saintes.

» Jeanne, l’Église te déclare présomptueuse, téméraire dans tes assertions, menteuse, pernicieuse et exhalant une odeur pestilentielle pour la foi catholique… »

Jeanne Darc leva vers la sombre voûte de la salle basse son regard rayonnant de foi et d’espérance, et elle entendit ses voix lui dire : — Courage, sainte fille… que t’importent les vaines paroles des hommes, Dieu t’a jugée digne de son saint paradis ! »


le chanoine maurice. — « Dixièmement, Jeanne, tu as dit que tes saintes, te parlant en langue gauloise (gallicè), t’avaient affirmé qu’elles étaient ennemies des Anglais et amies de ton roi.

» Jeanne, l’Église te déclare superstitieuse, sorcière, blasphématresse envers sainte Catherine et sainte Marguerite, et contemptrice du sentiment de l’amour du prochain.

» Onzièmement, Jeanne, tu as dit que si le mauvais esprit t’était