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jeanne darc. — Parce qu’il aura plu au Seigneur de faire dérouter les Anglais par une pauvre fille comme moi…

le juge. — Combien votre roi vous donnait-il d’argent pour le servir ?

jeanne darc, fièrement. — Je n’ai jamais rien demandé au roi, sinon bonnes armes, bons chevaux, et le paiement de mes soldats !…

l’évêque cauchon. — Lorsque votre roi vous mit à l’œuvre de guerre, vous vous êtes fait faire un étendard… de quelle étoffe était-il ?

jeanne darc. — Il était de blanc satin… (Elle baisse tristement la tête en songeant aux gloires passées de sa bannière, si terrible aux Anglais, dont elle est à cette heure captive, et étouffe un soupir.)

l’évêque cauchon. — Quelles figures étaient peintes sur son étoffe ?

jeanne darc. — Deux anges tenant des fleurs de lis… en l’honneur du roi.

Ces mots sont notés avec un nouvel empressement par plusieurs membres du tribunal ; et l’un d’eux s’adressant à la guerrière :

— Renouvelait-on souvent votre étendard ?

jeanne darc. — On le renouvelait autant de fois que sa lance était rompue dans les batailles… elle l’était souvent.

un autre juge. — Quelques-uns de ceux qui vous suivaient ne se faisaient-ils pas fabriquer des étendards pareils aux vôtres ?

jeanne darc. — Les uns, oui ; les autres, non.

le juge. — Ceux qui portaient une bannière semblable à la vôtre étaient-ils heureux à la guerre ?

jeanne darc. — Oui… quand ils étaient vaillants…

un autre juge. — Est-ce parce qu’ils vous croyaient inspirée de Dieu que vos gens vous suivaient au combat ?

jeanne darc. — Je leur disais : « Entrons hardiment parmi les Anglais ! » j’y entrais la première… l’on me suivait.

le juge. — Enfin, vos gens vous croyaient-ils, oui ou non, inspirée de Dieu ?