Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’évêque cauchon. — Cela était de la dernière importance. La renommée de cette fille est maintenant si populaire en Gaule, même au sein des provinces soumises à nos chers amis d’Angleterre, que si l’on eût appris sur son chemin qu’on l’emmenait prisonnière, la plèbe des villes ou des champs se serait émue et aurait peut-être enlevé cette diablesse à ses gardiens… Enfin, nous la tenons… et ce que l’Inquisition tient, elle ne le lâche point…

le chanoine loyseleur, montrant les parchemins. — Allons-nous, monseigneur, continuer la lecture abrégée des faits et gestes de la Pucelle ? 


l’évêque cauchon, prenant le parchemin où il a jusqu’alors écrit un grand nombre de notes. — Certes, continuons, puisque ces faits et gestes seront la base de la procédure ; à mesure que vous lirez, chanoine, je noterai les actes sur lesquels ladite Jeanne devra être spécialement interrogée. Ce récit que m’a envoyé secrètement mon frère en Dieu, l’évêque de Chartres, par ordre du sire de La Trémouille, ce récit, m’assure-t-on, et j’ai tout lieu de le croire, est fort exact ; on l’attribue à un certain Perceval de Gagny[1], écuyer du duc d’Alençon, et favorable à la Pucelle, au plutôt juste envers elle. Cette justice qu’on lui rend ne m’inquiète point ; ses actes ont eu de si nombreux témoins, qu’il serait malhabile de vouloir nier ou altérer la vérité à ce sujet, puisque ces actes portent en eux-mêmes la condamnation de cette possédée… Où en étions-nous restés de notre lecture ?

le chanoine loyseleur. — Au départ de Reims après le sacre.

l’évêque cauchon. — Continuez. — Il trempe sa plume dans l’écritoire et se dispose à écrire des notes.

le chanoine, lisant. — « Le roi (après avoir été sacré) resta à Reims jusqu’au jeudi suivant ; il en partit pour aller souper et coucher à l’abbaye de Saint-Marcoul, où on lui apporta les clés de la ville de

  1. Nous citons presque textuellement cette Chronique en l’abrégeant ; t. IV, p, 4, ap. J. Quicherat.