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où elle devait se rencontrer avec Dunois et le maréchal de Retz avant de se rendre à Orléans ; elle se mit en route, se rappelant le combat enfantin des garçonnets de Maxey contre ceux de Domrémy, combat où, pour la première fois, elle avait vaguement ressenti sa vocation guerrière, songeant aussi à ce passage de la prédiction de Merlin, le barde gaulois :

« — Je vois un ange aux ailes d’azur, éclatant de lumière ; il tient en ses mains une couronne royale.

» — Je vois un cheval de guerre aussi blanc que la neige.

» — Je vois une armure de bataille aussi brillante que de l’argent.

» — Pour qui cette couronne royale ? ce cheval ? cette armure ?

» — La Gaule, perdue par une femme, sera sauvée par une vierge des marches de la Lorraine et d’un bois chesnu venue.


» — Pour qui cette couronne royale ? ce cheval ? cette armure ?

» — Oh ! que je vois de sang ! il jaillit, il coule à torrents ! oh ! que je vois de sang ! que je vois de sang !

» — Il fume… sa vapeur monte... monte comme un brouillard d’automne vers le ciel, où gronde la foudre, où luit l’éclair !

» — À travers ces foudres, ces éclairs, ce brouillard sanglant, je vois une vierge guerrière ; blanche est son armure, blanc est son coursier.

» — Elle bataille… bataille… et bataille encore au milieu d’une forêt de lances, et semble chevaucher sur le dos des archers.

» — Ce cheval de guerre aussi blanc que la neige était pour la vierge guerrière ; pour elle était l’armure de bataille aussi brillante que de l’argent.

» — Mais pour qui la couronne royale ?

» — La Gaule, perdue par une femme, sera sauvée par une vierge des marches de la Lorraine et d’un bois chesnu venue… »