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— avait, au nom du roi, emprunté une somme d’argent à Perrin Macé.

» — Celui-ci réclama son argent, en vertu du nouvel édit qui ordonne aux officiers royaux de payer ce qu’ils ont acheté ou emprunté pour le roi, sous peine de voir leurs créanciers leur courir sus en vertu de la loi !

» — Jean Baillet, refusant de payer, a injurié, menacé, frappé Perrin Macé.

» — Perrin Macé, usant de son droit de légitime défense et du droit que lui donnait le nouvel édit, a rendu coup pour coup, a tué Jean Baillet, et s’est rendu dans l’église de Saint-Méry, lieu d’asile d’où il a réclamé des juges.

» — Le duc de Normandie, régent, a aussitôt envoyé l’un de ses courtisans, le maréchal de Normandie, à l’église de Saint-Méry, en compagnie d’une escorte de soldats et du bourreau.

» — Le maréchal de Normandie a arraché Perrin Macé de l’église ; et sur l’heure et sans jugement, Perrin Macé, après avoir eu le poing coupé, a été pendu.

» — Priez pour l’âme de Perrin Macé, bourgeois de Paris, injustement supplicié ! »

Après ces paroles, alternativement prononcées d’une voix solennelle par les deux hérauts, les sourds roulements du tambour et les sons plaintifs des clairons retentissaient de nouveau et dominaient à peine les imprécations de la foule, indignée contre le régent et sa cour. À la suite des hérauts venaient des prêtres avec leurs croix et leurs bannières ; puis, recouvert d’un long drap noir brodé d’argent, le cercueil du supplicié, porté par douze notables vêtus de longues robes et coiffés de chaperons mi-partie rouges et bleus, ainsi qu’en portaient presque tous les partisans de la cause populaire ; le collet de leurs robes était fermé par des agrafes d’argent ou de vermeil, aussi émaillés rouge et bleu, sur lesquelles on lisait cette devise ou cri de ralliement donné par Marcel : À bonne fin (J) ! Derrière le cercueil