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ils vous détournent de vos devoirs envers le pays ; ils vous entraînent dans des dérèglements de conduite auxquels votre esprit et votre corps ne sauraient résister. Chacun de vos jours est un scandale, chacune de vos nuits une débauche ; le terrible exemple du roi votre père, tombé en démence par suite de ses excès, devrait vous faire réfléchir… Souvent le peuple de Paris a élevé la voix pour vous prier d’éloigner de vous d’indignes conseillers ; leur orgueil, leur insatiable cupidité, sont d’invincibles obstacles à la réforme des abus que nous exigeons. Éloignez d’abord de votre entourage ces misérables dignes de l’aversion de Dieu et des hommes ; nous vous demandons qu’on nous les livre, afin que nous tirions vengeance de leur trahison. Les Parisiens voient avec déplaisir que ces mauvaises gens vous ont appris à faire de la nuit le jour, à passer votre temps dans des danses dissolues, dans des orgies, et dans toutes sortes de débauches indignes du rang royal (J). »

Le dauphin, effrayé, consent à cette première demande ; le duc de Bar, cousin du roi ; Jean de Vailly, chancelier du duc de Guyenne ; Jacques de la Rivière, son chambellan ; les sires d’Angennes, de Boissay, de Giles, de Vitry, ses valets de chambre ; Jean de Ménil, son écuyer-tranchant, et sept autres compagnons de débauche du jeune prince, et dont quelques-uns, avaient été les plus implacables fauteurs de la réaction contre les Maillotins, sont arrêtés par le peuple et conduits prisonniers à l’Hôtel d’Artois, demeure du duc de Bourgogne. Puis, ainsi qu’autrefois le duc de Normandie (qui depuis fut Charles V) se coiffa du chaperon rouge et bleu de Marcel en manière d’acquiescement aux volontés des Parisiens, le duc de Guyenne, sur l’invitation de Jean de Troyes, se coiffa d’un chaperon blanc (K), signe de ralliement des insurgés. Enfin, la royauté, cédant à la force, à la peur, promulgue, le 25 mai 1413, une ordonnance confirmant les réformes exigées par Marcel cinquante-sept ans auparavant, et poursuivies plus tard (en 1380) par les Maillotins… Mais, hélas ! fils de Joel, ainsi que vous l’avez déjà vu tant de fois dans le cours de