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jections, chère peureuse, j’ajouterai, dût ma modestie en souffrir… j’ajouterai qu’en m’enveloppant de cette cape, je voulais pouvoir venir ici et m’en retourner sans être arrêté vingt fois dans ma route par les acclamations populaires ; car, crois-le bien, malgré la haine et l’envie, malgré quelques vaines clameurs, Marcel est toujours aimé du peuple de Paris.

— Vous n’en douteriez pas, dame Marguerite, — ajouta Mahiet, — si dans cette journée vous aviez entendu les harangues de plusieurs corporations de métiers venant assurer maître Marcel de leur dévouement…

Ces paroles de Mahiet, la physionomie souriante et sereine du prévôt des marchands, l’accent de conviction qui régnait dans ses réponses, apaisèrent quelque peu les alarmes de Marguerite et de Denise ; celle-ci dit à Marcel : — Votre seule présence nous rassure, cher et bon oncle, de même que la vue du médecin en qui le malade a foi suffit souvent à calmer ses souffrances…

— Mon brave Mahiet, — reprit gaiement Marcel en regardent l’Avocat d’armes, — ceci s’adresse à moi autant qu’à toi… heureux et amoureux fiancé…

— Chère Denise, — dit l’Avocat d’armes à la jeune fille qui rougissait, — le deuil de mon pauvre frère a reculé l’époque de notre mariage… Je regrette moins ce retard, en songeant qu’en ces jours de troubles je n’aurais pu vous consacrer tous mes instants ; mais croyez-en maître Marcel, de meilleurs temps approchent… Ai-je besoin de vous dire que je les hâte de tous mes vœux, puisqu’ils verront notre union ?

— Dame Alison, — reprit cordialement Marcel, — puisque nous parlons mariage… prenez donc en pitié l’amoureux martyre de ce pauvre Rufin… C’est un bon et loyal cœur, malgré quelques échappements de jeunesse qui lui ont mérité son trop significatif surnom de Brise-Pot ; mais, j’en suis certain, la salutaire influence d’une honnête et aimable femme comme vous ferait de lui un excellent