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ressentant de nouveau ses angoisses un moment calmées par les paroles rassurantes de son mari, elle ajouta tristement : — La précaution que tu as prise ainsi que Mahiet de t’envelopper dans cette cape, afin, sans doute, de n’être pas reconnu à travers les rues ; tout me fait craindre que tu ne t’abuses… ou que par tendresse pour moi tu veuilles m’abuser…

— Ma tante oubliait de vous dire que trois hommes semblent être depuis ce soir au guet pour épier notre maison, — dit Denise, et elle aperçut que Mahiet semblait frappé de cette circonstance.

— Ces trois hommes, — reprit Alison, — je les ai aussi remarqués en entrant.

— Mon ami, — dit Marguerite en s’efforçant de lire sur la physionomie du prévôt des marchands si l’assurance dont il témoignait était feinte ou réelle ; — mon ami, tu entends… et de plus, je t’ai ce soir écrit un mot chez notre ami Simon-le-Paonnier… Dans ma lettre, je te disais sincèrement le résultat de mes observations de ce soir…

— J’ai reçu ta lettre, chère et bien-aimée femme ! — répondit Marcel en serrant tendrement dans ses mains celles de Marguerite. — Tu as foi en moi, n’est-ce pas ?… Eh bien ! crois-moi donc lorsque je t’affirme que vos alarmes sont vaines ; mieux que personne, je sais ce qui se passe ce soir dans Paris. Or, que s’y passe-t-il ? Nos ennemis s’agitent ? me calomnient ? quoi de nouveau là dedans ? ne suis-je pas depuis longtemps en butte aux récriminations de mes adversaires ? le les laisse dire et j’agis, certain de mener mon œuvre à bonne fin, selon notre devise ; d’ailleurs ma présence ici n’est-elle pas la meilleure preuve de ma confiance dans l’état des choses ? J’ai voulu, après la réception de ta lettre, quitter un moment l’Hôtel de ville afin de venir te calmer, te reconforter, et aussi te prier de ne point t’inquiéter si demain tu ne me voyais pas de toute la journée… parce que demain de graves intérêts se décideront. Enfin, — reprit gaiement Marcel, — comme je tiens à mettre à néant toutes tes ob-