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— Quitter Paris ?

— Le plus tôt sera le mieux, pauvre dame Marcel !

— Ensuite, madame ?

— Mon mari, quoique gémissant profondément des fautes immenses, irréparables de maître Marcel ; mon mari, quoiqu’il gémisse non moins profondément des accusations de trahison lancées contre maître Marcel, se…

— Finissons-en, de grâce, avec ces gémissements, et allons au fait, madame. Donc, maître Maillart engage mon mari à fuir cette nuit secrètement de Paris… voilà le conseil ; quant au service… quel est-il ?

— Favoriser, assurer la fuite de ce malheureux Marcel.

— Comment cela ?

— Maillart enverra chez vous, à minuit, un homme sur chercher votre mari. Il s’encapera bien, afin de n’être point reconnu, il suivra notre émissaire en toute confiance, et il sera conduit en un lieu sur où il trouvera tout préparé pour favoriser sa fuite… Mais il faut que votre infortuné mari ne se fasse accompagner de personne… sinon, l’émissaire l’abandonnerait.

— Maître Maillart, dans son empressement à conseiller et à servir mon mari, oublie, ce me semble, une chose.

— Laquelle ?

— Marcel et le conseil de ville, les gouverneurs, ainsi qu’on les appelle, sont encore maîtres de Paris ; les dizainiers, les quarteniers, les capitaines des portes, leur obéissent ; or si jamais, ce que je crois impossible, mon mari voulait abandonner lâchement son poste au moment du danger, il monterait à cheval avec quelques amis et se ferait ouvrir l’une des portes de Paris…

— Pauvre chère dame !… vous m’affligez !…

— Expliquez-vous.

— Vous me percez le cœur, hélas !…

— Encore une fois, expliquez-vous !…