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été plus fière de porter le nom ! Ah ! jamais homme de bien n’a été plus indignement méconnu, plus lâchement attaqué !…

— Ainsi, maître Marcel est exposé à de nouveaux périls ?

— Mes pressentiments ne me trompaient pas ; ce que je viens d’apprendre par moi-même les confirme. Un complot se trame contre Marcel et ses partisans ; sa vie, celle de ses amis, sont peut-être en jeu… Eh bien ! vienne l’heure des dangers, il fera son devoir, moi le mien… le mien est d’être dévouée à mon mari jusqu’à la fin… jusqu’à la mort !…

Ces derniers mots furent prononcés par Marguerite avec un tel accent de sinistre détermination, que Denise ne put retenir un cri de surprise et d’effroi.

— Ma résolution t’étonne, pauvre enfant ? — reprit la femme de Marcel ; — tu me trouves aujourd’hui bien vaillante ?… Pourtant l’an passé… pourtant naguère encore je t’avouais mes angoisses, mes frayeurs de chaque jour. À la seule pensée des périls auxquels s’exposait mon mari ! Je ne songeais qu’à déplorer ses fatigues, à maudire ses travaux immenses qui lui laissaient à peine chaque nuit deux heures de repos ! Je regrettais ces temps paisibles où, étranger à la chose publique, il ne s’occupait que des intérêts de notre commerce de draperie ! Notre obscurité, du moins, nous épargnait le triste spectacle des haines, de l’envie, déchaînées plus tard contre la gloire et la juste popularité de Marcel !…

— Ah ! ma tante, vous dites vrai ! Souvenez-vous de cette méchante envieuse Pétronille Maillart ! Grâce à Dieu ! elle n’est plus revenue ici depuis le jour de l’enterrement de Perrin Macé !

— Elle doit être triomphante aujourd’hui.

— Dame Maillart ?

— Son mari, je n’en doute plus à cette heure, est l’un des chefs du complot qui se trame contre Étienne.

— Lui… maître Maillart… l’ami d’enfance de mon oncle ?… lui qui, naguère encore, protestait de l’affection qu’il lui portait ?…