Un mois environ s’était écoulé depuis la mort de Guillaume Caillet, d’Adam-le-Diable et de Mazurec-l’Agnelet.
Denise, nièce d’Étienne Marcel et fiancée de Mahiet-l’Avocat d’armes, retirée dans une grande salle, située au-dessus du magasin de draperie du prévôt des marchands, s’occupait d’un travail de couture à la clarté d’une lampe ; l’inquiétude se peignait sur le doux visage de la jeune fille ; parfois, suspendant le jeu de son aiguille, elle prêtait l’oreille du côté de la fenêtre, à travers laquelle l’on entendait de temps à autre le bourdonnement confus et les pas précipités d’un grand nombre de personnes qui traversaient la rue en courant ; puis ce bruit s’éloignait, s’apaisait, et la rue redevenait silencieuse. Ces rumeurs, symptômes de l’agitation qui régnait dans Paris, alarmaient de plus en plus Denise.
— Mon Dieu ! — se disait-elle, — le tumulte augmente, ma tante Marguerite ne revient pas, où peut-elle être allée ? pourquoi a-t-elle emprunté la mante d’Agnès, notre servante ? pourquoi ce déguisement ? pourquoi avoir en sortant caché son visage sous un capuchon ? Elle s’est peut-être rendue à l’Hôtel de ville, où mon oncle et Mahiet sont depuis ce matin ? — Au souvenir de l’Avocat d’armes, Denise rougit, soupira et ajouta : — Oh ! s’il y avait quelque danger, Mahiet veillerait sur maître Marcel, comme il aurait veillé sur son père… Mais ma tante… ma tante ?… son absence si prolongée continue à m’effrayer malgré moi.