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tivement écouté l’Avocat d’armes. — Et de Clermont… marcherons-nous droit sur Paris ?

— Aussitôt après ton arrivée à Clermont, tu recevras de nouvelles instructions de Marcel. Dompter la seigneurie, détrôner le régent, chasser l’étranger de notre sol, tel est le but du prévôt des marchands. La campagne terminée, l’heure de l’affranchissement de Jacques Bonhomme sera venue : délivré de la tyrannie des seigneurs, des pilleries des Anglais, libre, heureux, paisible, enfin, il jouira des fruits de ses rudes labeurs, et goûtera sans crainte les douces joies de la famille… Oui… toi Guillaume, toi Adam, toi Mazurec, et tant d’autres, hélas ! frappés dans leurs plus chères affections, vous aurez été les derniers martyrs des seigneuries et les vengeurs, les libérateurs de notre race…

— Mahiet… quoi qu’il arrive maintenant, vainqueur ou vaincu, je peux mourir, ma fille est vengée, — répond Guillaume Caillet. — Je te promets de conduire plus de dix mille hommes sous les murs de Clermont ; le sang des seigneurs, l’incendie de leurs châteaux, marqueront la route des Jacques… Maintenant, dis-moi où je te reverrai ?

— À Clermont, je t’apporterai là les instructions de Marcel ; il me rappelle à Paris ; j’y retourne, — répond Mahiet. — Et serrant Mazurec entre ses bras, — Adieu, mon frère… mon pauvre frère… adieu… et à bientôt… Guillaume, je le laisse auprès de toi… veille sur lui.

— Je l’aime comme j’aimais ma fille ! Nous parlerons d’elle… et nous combattrons en hommes qui ne tiennent plus à la vie !

Mahiet, après ses adieux à son frère, se dirige en toute hâte vers Paris, prenant en croupe Rufin-Brise-Pot ; les Jacques, dont le nombre grossit à chaque instant, se préparent à marcher sur Clermont, où se trouvait alors Charles-le-Mauvais, roi de Navarre.




Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, occupait, à Clermont en Beau-