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et sa chevalerie, ignominieusement battus à la bataille de Crécy, voient en 1347 les Anglais s’emparer de Calais, une des portes de la Gaule. Cette ville n’échappe à l’incendie, au massacre, au pillage que par le dévouement d’Eustache Saint-Pierre et d’autres bourgeois qui viennent, la corde au cou, s’offrir à la mort pour sauver la vie de leurs concitoyens. Une horrible peste éclatant en 1348 met le comble à ces maux et dépeuple le tiers du pays. Philippe de Valois, après avoir menacé le pape de le faire condamner comme hérétique, trouvant utile à ses intérêts de donner des preuves de catholicité, afin de se rendre agréable au pontife de Rome, rend une ordonnance contre les blasphémateurs. Au premier blasphème, on perdait une lèvre, l’autre au second, et, au troisième, on vous arrachait la langue ; on traitait pareillement ceux qui, entendant blasphémer, ne dénonçaient point le coupable. Le Philippe de Valois poursuivait d’ailleurs, sur les monnaies, son brigandage qui ruinait la Gaule. (Jugez, par ce seul fait entre mille, de cette pillerie, fils de Joel.) Dans le cours de l’année 1348, ce faux-monnayeur couronné rendit onze ordonnances qui élevaient ou réduisaient le cours de telle ou telle monnaie. Enfin, Philippe de Valois meurt en 1350 et laisse la couronne au roi Jean, qui règne sur la Gaule au commencement de la légende suivante. — Dissipateur et cupide, cruel et débauché, de plus forcené faux-monnayeur comme ses aïeux, ce nouveau roi voit dans la Gaule une proie qu’il partage avec ses favoris. Il a déjà fait mettre à mort le connétable d’Eu, conseiller de Philippe de Valois, et, de plus, fait poignarder sous ses yeux les principaux seigneurs de Normandie, partisans de Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, à qui Jean a donné une de ses filles en mariage et qui réclamait la Champagne, dont il avait été dépossédé par son royal beau-père. Les impôts sont excessifs, la bourgeoisie ruinée, le commerce nul, les communications partout interceptées ; l’on n’ose sortir des villes de crainte de tomber au pouvoir des bandes de routiers, de Navarrais, de soudoyeurs et autres brigands qui infestent la Gaule ; la disette commence, les denrées sont hors de