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Prouvez ainsi que, lorsque la loi est audacieusement violée, vous punissez le coupable, quel que soit son rang… Sire, croyez-moi, il est temps pour vous, plus que temps, d’écouter enfin la voix de l’équité !…

— Et moi, je te dis, maître Marcel, — s’écria le prince, furieux, — qu’il est temps, plus que temps, de mettre terme à tes insolentes requêtes ! Sors d’ici à l’instant !…

— Oui, hors d’ici ce manant rebelle à son roi ! — s’écrièrent les courtisans, rassurés et trompés, comme le régent, par l’attitude des gens armés dont Marcel était accompagné, et qui demeuraient immobiles et muets ; aussi, s’adressant à eux, le maréchal de Normandie s’écria :

— Et vous, bonnes gens de Paris, qui maintenant regrettez, je le vois, la criminelle démarche où cet endiablé rebelle vous a entraînés malgré vous, joignez vous à nous, les vrais amis de votre roi, pour punir la trahison de ce misérable Marcel…

Le prévôt des marchands étouffa un soupir de regret, se recula de deux pas pour se mettre hors d’atteinte de l’épée dont le maréchal le menaçait, se retourna vers ses hommes et leur dit : — Faites ce pourquoi vous êtes venus (K).

À ces mots, les hommes armés, jusqu’alors fidèles aux recommandations de Marcel, se dédommagèrent de leur silence et de leur contrainte prolongée par une explosion de cris indignés, menaçants, qui frappèrent de stupeur et d’épouvante le régent et ses courtisans. Rufin-Brise-Pot s’élança sur le maréchal de Normandie et le saisit au collet en lui disant : — Tu as fait mutiler et pendre Perrin Macé ; tu seras à ton tour pendu !… Viens, ta potence est préparée…

— Tiens, truand ! — répondit le maréchal en portant à l’écolier un coup d’épée qui lui traversa le bras gauche ; — la corde qui doit me pendre n’est pas encore tressée.

— Non ; mais le fer qui t’assommera est forgé, mon noble homme ! — répondit l’écolier en assénant sur la tête du maréchal