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désastres ! — Puis s’adressant au seigneur de Nointel : — Continue et apprends-nous ce que ce capitaine aventurier a de commun avec ta rançon !

— Sire, c’est à ce Griffith que je dois remettre le prix de mon rachat, ainsi qu’une lettre que m’a donnée pour lui le duc de Norfolk, et…

Le maréchal de Normandie, prêtant l’oreille du côté de la fenêtre, interrompit Conrad de Nointel en disant : — Quel est ce bruit ?… il me semble entendre des rumeurs lointaines.

— Des rumeurs ! — s’écria le seigneur de Norville en regardant le régent d’un air respectueusement courroucé, — quels audacieux se permettraient de pousser des rumeurs aux abords du palais du roi, notre souverain maître !

— Ce ne sont plus des rumeurs, mais des cris menaçants, — ajouta vivement le maréchal de Champagne en courant à la porte qu’il ouvrit, et aussitôt une bouffée de clameurs furieuses pénétra dans la chambre royale ; presque en même temps un des officiers du palais, accourant du fond d’une longue galerie, pâle et épouvanté, s’écria en se précipitant dans l’appartement : — Sire, fuyez ! le peuple de Paris envahit le Louvre ! vos gardes sont désarmés ! fuyez, sire ! il en est temps encore ! fuyez !

— À moi, mes amis !… — s’écria le régent, blême de terreur, en se réfugiant sur son lit et tâchant de se cacher dans les rideaux, — défendez-moi… ces scélérats en veulent à ma vie.

Au premier signal du danger, les maréchaux de Normandie et de Champagne, ainsi que quelques autres courtisans, avaient résolûment mis l’épée à la main ; Conrad de Nointel et son ami le chevalier de Chaumontel, d’une vaillance toujours tempérée par une extrême prudence, cherchèrent des yeux une issue protectrice, tandis que le seigneur de Norville, sautant sur le lit, tâchait de se cacher sous le même rideau que le régent, en s’écriant : — Je n’abandonne pas mon maître. — Soudain une seconde porte, faisant face à celle de