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et les échevins raniment l’enthousiasme des habitants, — un moment atterrés par les massacres de Chasseneuil et de Beziers. — Fossés profonds se creusent, hautes palissades se dressent — pour renforcer les remparts de Carcassonne. — Vieux et jeunes, — riches et pauvres, — femmes et enfants, — tous ardemment travaillent à la défense de la ville, — et ils se disent : — Non ! nous ne serons pas égorgés comme ceux de Chasseneuil et de Beziers, — non !

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— Non ! nous ne serons pas égorgés comme ceux de Chasseneuil et de Beziers… non ! — Mais voilà que la route à l’horizon poudroie, — la terre, au loin, tremble — sous le pas des chevaux caparaçonnés de fer, — montés de guerriers bardés de fer. — Les fers d’une forêt de lances brillent, — brillent comme les armures — aux premiers feux du soleil, — et voilà que la colline, et le val, et la plaine — se couvrent d’innombrables cohortes. — Cette multitude armée, toujours et toujours augmentée, — s’étend, déborde de l’orient à l’occident, — du nord au midi. — Bientôt, de tous côtés, Carcassonne est entouré. — Viennent ensuite les chariots, les bagages, — et d’autres multitudes encore, et d’autres encore. — Au soleil levant, ils commençaient à descendre le versant des collines lointaines, — les croisés catholiques ! — Et il en arrivait encore au soleil couché.

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— Au soleil levant, ils commençaient à descendre le versant des collines lointaines, les croisés catholiques ! — Et il en arrivait encore au soleil couché. — Le soir vient, Monfort, les prélats, les chevaliers dressent leurs tentes. — La multitude couche à terre sous le ciel étoilé. — Elles sont si douces, oh ! si douces, les nuits d’été du Languedoc ! — D’autres croisés envahissent, pillent et incendient les faubourgs, — dont les habitants se sont réfugiés dans Carcassonne. — Dès l’aube, les clairons sonnent dans le camp des croisés :