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triste ? — dit Azenor en s’asseyant et attirant l’enfant près d’elle et d’une table où se trouvait un poignard. — Pourquoi pleurer sans cesse ? — Le garçonnet versa de nouvelles larmes. — Quelle est la cause de ton chagrin ?

— Ma mère, mon père, — balbutia l’enfant, pleurant toujours ; — hélas ! je ne les vois plus !

— Tu les aimes donc beaucoup, ton père et ta mère ? — Le pauvre petit, au lieu de répondre à la sorcière, se jeta à son cou en sanglotant ; elle ne put s’empêcher de répondre à ce naïf élan de douleur caressante, et embrassa Colombaïk au moment où, craignant d’avoir manqué de respect à Azenor, il allait s’agenouiller devant elle, puis, s’affaissant sur lui-même, il continua de fondre en larmes. La jeune femme, de plus en plus apitoyée, regarda silencieusement Colombaïk pendant quelques instants, et murmura : — Non, non… le courage me manque… quelques gouttes suffiront… — Déjà sa main s’approchait du poignard placé sur la table, lorsque soudain elle entendit dans la tourelle un bruit étrange… C’était comme le grincement d’une chaîne rouillée se dévidant difficilement sur un axe de fer ; la sorcière, alarmée, repoussait l’enfant et courait vers la tourelle, lorsqu’en sortit Fergan-le-Carrier, pâle, baigné de sueur, la figure terrible, et tenant à la main son pic de fer. Azenor recula frappée de stupeur et d’effroi, tandis que Colombaïk, poussant un cri de joie, s’élançait vers le carrier, lui tendait les bras en criant : — Mon père !… mon père !… — Fergan, ivre de bonheur, laissa tomber sa barre de fer, saisit l’enfant entre ses bras robustes, et l’élevant à la hauteur de sa poitrine, l’étreignit passionnément, interrogeant avec une inexprimable anxiété les traits de Colombaïk, tandis que celui-ci pressait entre ses petites mains la rude figure du carrier, et murmurait en la couvrant de baisers : — Bon père !… oh ! bon père !

— Son père ! — dit Azenor. — Comment cet homme a-t-il pu s’introduire ici ?

Le serf, sans s’occuper de la présence de la sorcière, dévorait des