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Pieux, lorsque pour l’asservir il ravagea la Bretagne, héroïquement insurgée à la voix de Morvan et de notre aïeul Vortigern. Ce Neroweg, en récompense de ses services durant cette horrible guerre, reçut du roi en fief les terres et la comté de Plouernel par la mort de son dernier bénéficier qui ne laissait pas d’héritiers, ce fief retournant au domaine du roi, il l’avait octroyé à Neroweg : celui-ci, en retour de la cession du comté de Plouernel, devait se reconnaître vassal de Louis-le-Pieux, lui prêter foi et hommage, comme à son roi et seigneur suzerain, lui payer une redevance et l’assister dans ses guerres, en marchant à la tête des hommes de sa seigneurie. Dans le pays de Plouernel, ainsi que dans d’autres provinces de la Gaule, quelques colons, que maintenant l’on nomme vilains, étaient à peu près parvenus à s’affranchir et à redevenir, sauf le payement de taxes écrasantes, propriétaires d’une partie de ce sol qui, avant la conquête franque, appartenait à leurs pères libres jadis. Neroweg Ier (premier du nom de cette seconde branche de sa famille) ne se révolta pas contre l’autorité royale ; mais son fils, Neroweg II, imitant les autres seigneurs, fit bâtir un château fort sur le sommet de la montagne de Plouernel, y rassembla une bande nombreuse de gens déterminés; puis, comme la plupart de ses pareils, il dit au roi des Franks : « — Je ne reconnais plus ta suzeraineté ; je ne veux plus être ton vassal ; je me déclare souverain chez moi, comme tu l’es chez toi ; les serfs, vilains et citadins de ma comté deviennent mes hommes ; eux, leurs terres, leurs biens, n’appartiennent qu’à moi ; je les taxerai selon ma volonté, de tributs, de redevances, de tailles qu’ils ne payeront qu’à moi ; ils ne se battront que pour moi et contre toi... si tu oses venir m’assiéger dans ma forteresse de Plouernel ! » Le roi n’y vint pas, car presque tous les seigneurs tinrent, de siècle en siècle, le même langage aux descendants de Karl-le-Grand ou à ceux de Hugh-le-Chappet, dont le royaume fut peu à peu réduit à la possession des seules provinces qu’ils pouvaient défendre et conserver par les armes. Les Neroweg III et IV imi-