Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la rémission de mes péchés et de mon adultère avec toi. Blanche, n’essaye pas de changer ma résolution : selon les caprices de ton amour, tu as tour à tour maudit ou vanté l’inflexible ténacité de mon caractère ; or ce que j’ai dit est dit : ce jour sera le dernier jour de notre commerce adultère.

La femme de Ludwig-le-Fainéant, à mesure que Hugh-le-Chappet parlait, avait observé sa figure avec une attention dévorante ; lorsqu’il se tut, loin d’éclater en récriminations désespérées, elle porta ses deux mains à son front et parut s’abîmer dans ses réflexions ; le Comte de Paris, toujours impénétrable, mais jetant sur Blanche un regard oblique et ne la perdant pas de vue, semblait attendre avec anxiété la première parole de la reine. Enfin celle-ci tressaillant, redressa la tête, frappée sans doute d’une pensée soudaine, regarda pendant quelques instants Hugh-le-Chappet en silence, puis contenant son émotion lui dit : — Crois-tu que le roi Lothèr, père de Ludwig, mon mari, soit mort empoisonné l’an passé au mois de mars ?

— Je crois qu’il est mort par le poison.

— Hugh ? crois-tu Imma, femme de Lothèr, coupable de l’empoisonnement de son mari ?

— On l’accuse de ce crime.

— Je te demandes si tu crois Imma coupable ?

— Blanche... Je crois ce que je vois.

— Et quand tu ne vois pas ?

— Je doute.

— Tu sais que dans ce meurtre, la reine Imma eut pour complice son amant Adalberon, évêque de Laon (A).

— Ce fut un grand scandale pour l’Église !

— Après l’empoisonnement de Lothèr, la reine et l’évêque, délivrés de cet ombrageux mari, se sont chéris davantage encore.

— Double et horrible sacrilège ! — s’écria le Comte de Paria avec indignation, — un évêque et une reine adultères ! homicides !