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Holker de la belle Shigne et les vierges au bouclier. — Gaëlo-le-Pirate. — Simon-grande oreille. — Lodbrog le Berserke. — Le chant de guerre d’Hasting. — Rolf, le roi de la mer. — L’abbaye de Saint-Denis. — Stratagème. — Les pirates North-mans et les vierges au bouclier.— Les North-mans remontent la Seine jusqu’à Paris. — Le roi Karl-le-Sot (Karolus stultus vel simplex, Charles-le-Simple). — Ghisèle, sa fille. — Le château de Compiègne. — La Basilique de Rouen. — Le mariage de Rolf.




Notre aïeul Amaël prévoyait l’avenir, lorsqu’il y a un siècle à peine, parlant à Karl-le-Grand des derniers descendants de Clovis, rois énervés, imbéciles et fainéants, il disait au puissant empereur : — «Tôt ou tard les races royales et conquérantes expient l’iniquité de leur origine.» — Et de fait, en 811, quel souverain régnait en Gaule et presque sur le monde entier ? — C’était Karl, empereur auguste, surnommé le Grand...

Et aujourd’hui, en 912, quel est ce roi qui règne à peine sur quelques provinces de la Gaule ? — C’est Karl, surnommé le Sot, et descendant de Karl-le-Grand. — Lui aussi, cet auguste empereur, prévoyait l’avenir, lorsque les yeux baignés de larmes, il prononçait ces paroles prophétiques rapportées depuis dans la chronique d’Eginhard, son archichapelain : — «Savez-vous, mes fidèles, pourquoi je pleure amèrement à la vue des bateaux pirates des North-mans ? C’est que je prévois les maux dont ces païens affligeront ma descendance !» — Et tu avais raison de pleurer sur l’avenir de ta race, ô Karl-le-Grand, car soixante-huit ans après ta mort, tout-puissant maître du monde, deux chefs de pirates North-mans Gorm et IIalf, remontant le Rhin, la Meuse et l’Escaut, ravageaient le territoire de Cologne, de Maëstricht, de Worms, de Tongres, saccageaient ces villes et réduisaient en cendres ton splendide palais d’Aix-la-Chapelle, ta résidence favorite ! oui, et la superbe basilique où tu te plaisais si fort à chanter au lutrin et où reposaient tes augustes os, servait d’écurie aux chevaux des pirates, car ces damnés North-mans n’aimaient point les voyages à pied : dès leur débarquement ils s’emparaient des chevaux de toutes les contrées qu’ils dévastaient et guer-