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espérance de Karl-Marteau s’était réalisée. Ce descendant de tant de Maires du palais avait fait souche de rois ; onze ans après sa mort, arrivée en 741, Pépin le Bref, son fils aîné, proclamé roi des Franks par ses bandes et par ses Leudes en 752, fut sacré, consacré par l’évêque de Soissons dans la basilique de cette ville.

Et le dernier rejeton du pieux Clovis, ce petit Childéric III, envers qui Septimine la Coliberte s’était si généreusement apitoyée ? ce petit Childérik, de qui Amael, qui portait alors le nom frank de Berthoald, refusa d’être le geôlier, qu’était-il devenu, ce roitelet, dernier rejeton du glorieux Clovis, le conquérant des Gaules ? Par Ritta-Gaür ! ce saint de la vieille Gaule, qui tondait et rasait aussi les rois, mais au profit des peuples, le dernier rejeton de Clovis avait été rasé, tondu, puis enfermé dans le monastère de Fontenelle, en Neustrie, où il mourut, ce dernier fils des rois fainéants mérovingiens ! Et l’Église catholique, enrichie par Clovis et par sa race des dépouilles de la Gaule ? l’Église catholique a donc consacré l’usurpation du fils de Karl-Marteau ? Certes, les prêtres de Rome ne sacrent-ils point toujours qui leur donne pouvoir et argent ? De sorte que par l’ordre du pape Zacharie, l’évêque Boniface a sacré Pépin le Bref, de même que saint Rémi consacra, par le baptême, le pieux Clovis ; seulement, comme les derniers descendants de ce gracieux roi, abandonnés, méprisés, insultés, déshérités, n’avaient plus un denier à offrir à l’Église, l’Église les a religieusement abandonnés pour le fils du rude Karl, qui l’avait avilie, conspuée, baffouée, larronée, Pépin le Bref, alors tout-puissant, ayant promis aux prêtres de leur rendre les biens dont son père, ce païen de Karl, les avait dépossédés. Aussi, le pape Étienne se donna-t-il la peine de venir en Gaule, afin d’oindre Pépin de l’onction sainte, comme roi des Franks, en retour de quoi ce Pépin s’engageait à soutenir de ses armes l’Église en Italie ; oui, car les Italiens, les Lombards, les Bénéventins et autres peuples, commençant à trouver le joug papal d’autant plus affreux qu’il pesait directement sur eux, l’avaient brisé ce