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aussi rousse que celle d’un crapaud ; il égratigne, il mord sans dire mot.




» — Et toujours il demande à téter, et il a sept ans passés, et il demande encore à téter.




» — Mary, la belle, est bien affligée ; elle a perdu son petit Laoïk ; la Korrigan l’a emporté (E).




— Telle est la chanson, grand-père. Maintenant, mon frère Karadeuk voudra-t-il rencontrer ces méchantes Korrigans, ces voleuses d’enfants ?

— Qu’as-tu à répondre pour défendre tes fées, Karadeuk, mon favori ?

— Grand-père, ma gentille sœur Roselyk a été abusée par de mauvaises langues ; toutes les mères qui ont de laids marmots crient qu’elles avaient un ange au berceau, et que les Korrigans ont mis en place un petit monstre !

— Bien trouvé, mon favori !

— Je soutiens, moi, que les Korrigans sont avenantes et serviables… Vous savez bien, grand-père, le vallon de l’Hellé ?

— Oui, mon intrépide.

— Il y avait autrefois les plus beaux foins du monde dans ce vallon…

— C’est la vérité : Foin de l’Hellè, foin parfumé, — dit le proverbe.

— Or, c’était grâce aux Korrigans…

— Vraiment ! conte-moi ça…

— Le temps de la fauchaison et de la fenaison venu, elles arrivaient sur la cime des rochers du vallon pour veiller sur les prés… avaient-ils, pendant le jour, trop séché, les Korrigans y faisaient tomber une abondante rosée… Le foin était-il coupé, elles éloignaient les nuées qui auraient pu gâter la fenaison… Un sot et méchant