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— La déplorable mort de Victorin et de son fils, le meurtre de Marion, vous prouvent la funeste fragilité des pouvoirs électifs… Cette idée n’est pas, vous le savez, nouvelle chez moi… J’étais autrefois venu à Mayence afin de vous engager à acclamer l’enfant de Victorin l’héritier de son père… Dieu a voulu qu’un crime affreux ruinât ce projet auquel vous eussiez peut-être consenti plus tard… malgré votre aversion pour les royautés…

— Continuez…

— La Gaule est maintenant en paix, sa valeureuse armée vous est dévouée plus qu’elle ne l’a jamais été à aucun général, elle impose à nos ennemis ; notre beau pays, pour atteindre à son plus haut point de prospérité, n’a plus besoin que d’une chose, la stabilité ; en un mot, il lui faut une autorité qui ne soit plus livrée au caprice d’une élection intelligente aujourd’hui, stupide demain ; il nous faut donc un gouvernement qui ne soit plus personnifié dans un homme toujours à la merci du soulèvement militaire de ceux qui l’ont élu, ou du poignard d’un assassin. L’institution monarchique, basée non sur un homme, mais sur un principe, existait en Gaule il y a des siècles ; elle peut seule aujourd’hui donner à notre pays la force, la prospérité, qui lui manquent… La monarchie, vous disais-je hier, Victoria, — seule, vous pouvez la rétablir en Gaule : — je viens vous en offrir les moyens, guidé par mon fervent amour pour mon pays…

— C’est cette offre que je veux vous entendre me proposer de nouveau, Tétrik…

— Ainsi, vous exigez…

— Rien n’a été dit hier… parlez…

— Victoria, vous disposez de l’armée… moi, je gouverne le pays ; vous m’avez fait ce que je suis… j’ai plaisir à vous le répéter… vous êtes au vrai l’impératrice de la Gaule, et moi, votre premier sujet…