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À la tête de ce rassemblement, j’ai reconnu le vétéran Douarnek, brandissant son épée.

— Scanvoch, — me dit-il, — le bruit vient de se répandre dans le camp qu’un crime affreux a été commis dans ta maison.

— Et le criminel est Victorin ! — crièrent plusieurs voix qui couvrirent la mienne. — À mort, l’infâme !

— À mort, l’infâme ! qui a fait violence à la chaste épouse de son ami…

— Comme il a fait violence à l’hôtesse de la taverne des bords du Rhin…

— Ce n’était pas une calomnie !

— Le lâche hypocrite avait feint de s’amender !

— Oui, pour commettre ce nouveau forfait.

— Déshonorer la femme d’un soldat ! d’un des nôtres ! de Scanvoch, qui aimait ce débauché comme son fils !…

— Et qui à la guerre lui avait sauvé la vie.

— À mort ! à mort !…

Il m’avait été impossible de dominer de la voix ces cris furieux… Sampso, désespérée, faisait de vains efforts pour traverser la foule exaspérée.

— Par pitié ! laissez-moi passer ! — criait Sampso d’une voix suppliante : — je vais chercher un druide médecin… Ellèn respire encore… Sa blessure peut n’être pas mortelle… Du secours ! du secours !…

Ces mots redoublèrent l’indignation et la fureur des soldats. Au lieu d’ouvrir leurs rangs à la sœur de ma femme, ils la repoussèrent en se ruant vers la porte, bientôt ainsi encombrée d’une foule impénétrable, frémissante de colère, et d’où s’élevèrent de nouveaux cris…

— Malheur ! malheur à Victorin !…

— Ce monstre a égorgé la femme de Scanvoch après l’avoir violentée !