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– Ta main, — reprit Douarnek, — au nom de mes camarades, ta main !…

– La voilà, — dit le jeune général en se penchant sur le cou de son cheval pour serrer cordialement la main du vétéran. — Merci de votre franchise, mes enfants… je serai à vous comme vous serez à moi, pour la gloire et le repos de la Gaule… Sans vous, je ne peux rien ; car si le général porte la couronne triomphale, c’est la bravoure du soldat qui la tresse, cette couronne, et l’empourpre de son généreux sang !…

– Donc… c’est dit, Victorin, — reprit Douarnek dont les yeux devinrent humides. — À toi notre sang… et à notre Gaule bien-aimée : à ta gloire !…

– Et à ma mère, qui m’a fait ce que je suis ! — reprit Victorin avec une émotion croissante ; — et à ma mère, notre respect, notre amour, notre dévouement, mes enfants !…

– Vive la mère des camps ! — s’écria Douarnek d’une voix sonore ; — vive Victorin, son glorieux fils !

Les compagnons de Douarnek, les soldats, les officiers, nous tous enfin présents à cette scène, nous avons crié comme Douarnek :

– Vive la mère des camps ! vive Victorin, son glorieux fils !…

Bientôt l’armée s’est mise en marche pour regagner le camp, pendant que, sous la protection d’une légion destinée à garder nos prisonniers, les druides médecins et leurs aides restaient sur le champ de bataille pour secourir également les blessés gaulois et franks.

L’armée reprit donc le chemin de Mayence, par une superbe nuit d’été, en faisant résonner les échos des bords du Rhin de ce chant des bardes :




« – Ce matin nous disions :

» – Combien sont-ils ces barbares, qui veulent nous voler notre terre, nos femmes et notre soleil ?

» – Oui, combien sont-ils donc ces Franks ?