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femme qu’elle serait libre ici, et je l’ai assurée de la protection de Victoria.

– Je tiendrai ta promesse, — reprit ma sœur de lait. — Où est cette femme ?

– Dans ma maison.

– Fais-la conduire ici après le départ des troupes, je la verrai.

Je sortais, ainsi que le gouverneur de Gascogne, afin de laisser Victorin seul avec sa mère, lorsque j’ai vu entrer chez elle plusieurs bardes et druides qui, selon notre antique usage, marchaient toujours à la tête de l’armée, afin de l’animer encore par leurs chants patriotiques et guerriers.

En quittant la demeure de Victoria, je courus chez moi pour m’armer et prendre mon cheval. De toutes parts les trompettes, les buccins, les clairons retentissaient au loin dans le camp ; lorsque j’entrai dans ma maison, ma femme et Sampso, déjà prévenues par la rumeur publique du débarquement des Franks, préparaient mes armes ; Ellèn fourbissait de son mieux ma cuirasse d’acier, dont le poli avait été la veille altéré par le feu du brasier allumé sur mon armure par l’ordre de Néroweg, l’Aigle terrible, ce puissant roi des Franks.

– Tu es bien la vraie femme d’un soldat, — dis-je à Ellèn en souriant de la voir si contrariée de ne pouvoir rendre brillante la place ternie qui contrastait avec les autres parties de ma cuirasse. — L’éclat des armes de ton mari est ta plus belle parure.

– Si nous n’étions pas si pressées par le temps, — me dit Ellèn, nous serions parvenues à faire disparaître cette place noire ; car, depuis une heure, Sampso et moi, nous cherchons à deviner comment tu as pu noircir et ternir ainsi ta cuirasse.

– On dirait des traces de feu, — reprit Sampso, qui, de son côté, fourbissait activement mon casque avec un morceau de peau ; — le feu seul peut ainsi ronger le poli de l’acier.

– Vous avez deviné, Sampso, — ai-je répondu en riant et allant prendre mon épée, ma hache d’armes et mon poignard, — il