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des flambeaux. Mais, — ajouta-t-il en regardant autour de lui, — où sont donc mes compagnons ?

— Endormis comme vous peut-être, — dit Geneviève. — Et votre maître où est-il ?

— Là, dans le bois d’oliviers, où il vient souvent méditer ; ce soir, il s’est senti saisi d’une tristesse insurmontable… il a voulu être seul et s’est retiré sous ces arbres, après nous avoir à tous recommandé de veiller…

— Il prévoyait sans doute le danger qui le menace, — s’écria Geneviève. — Et vous n’avez pas eu la force de résister au sommeil ?…

— Non ; moi et mes compagnons nous avons vainement lutté… notre maître est venu deux fois nous réveiller, nous reprochant doucement de nous endormir ainsi… puis il s’en est allé de nouveau méditer et prier sous ces arbres…

— Les miliciens ! — s’écria Geneviève en voyant la lueur des flambeaux se rapprocher de plus en plus ; — les voilà !… il est perdu ! à moins qu’il ne reste caché dans le bois… ou que vous vous fassiez tuer tous pour le défendre… Êtes-vous armés ?

— Nous n’avons pas d’armes, — répondit le disciple commençant à trembler ; — et puis, essayer de résister à des soldats, c’est insensé !…

— Pas d’armes ! — s’écria Geneviève indignée ; — est-ce qu’il est besoin d’armes ? est-ce que les cailloux du chemin, est-ce que le courage ne suffisent pas pour écraser ces hommes ?

— Nous ne sommes pas gens d’épée, — dit le disciple en regardant autour de lui avec inquiétude, car déjà les miliciens étaient assez près de là pour que leurs torches éclairassent en partie Geneviève, le disciple et plusieurs de ses compagnons, qu’elle aperçut alors, çà et là, endormis au pied des arbres. Ils s’éveillèrent en sursaut à la voix de leur camarade, effrayé, qui les appelait, allant de l’un à l’autre.

Les miliciens accouraient en tumulte ; voyant à la lueur des flam-