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tières cette bande de loups voraces, sortis des forêts du Nord… Prends garde !… Si tu refuses d’écouter le message de Victoria, la grande, et de son vaillant fils… prends garde !… Entre le loup frank et le chien gaulois, ce sera une guerre à mort, une guerre d’extermination.

Néroweg, grinçant les dents de rage, saisit à son côté sa hache, et la tenant des deux mains, la leva sur moi pour me briser la tête… Je me crus à mon heure dernière ; mais deux des autres rois arrêtèrent le bras du frère d’Elwig, et ils lui dirent quelques mots à voix basse, qui parurent le calmer. Il se concerta ensuite avec ses compagnons, et me dit :

— Quel est le message dont tu es chargé par Victoria pour les rois des Franks ?

— Le messager de Victorin et de Victoria, la grande, doit parler debout, sans liens, le front haut… et non étendu à terre et garrotté comme le bœuf qui attend le couteau du boucher… Fais-moi délivrer de mes liens, et je parlerai… sinon, non !…

— Parle à l’instant… sans condition, chien gaulois !…

— Non !

— Je saurai te faire parler !

— Essaie !

Néroweg dit quelques mots à l’un des autres rois. Celui-ci alla prendre sous la cuve d’airain deux tisons enflammés ; l’on me saisit par les épaules et par les pieds, afin de m’empêcher de faire un mouvement, tandis que le Frank, plaçant et maintenant les tisons sur le fer de ma cuirasse, y établissait ainsi une sorte de brasier, aux éclats de rire de Néroweg, qui me dit :

— Tu parleras ! ou tu seras grillé comme la tortue dans son écaille.

Le fer de ma cuirasse commençait à s’échauffer sous ce brasier, que deux rois franks attisaient de leur souffle. Je souffrais beaucoup et je m’écriai :

— Ah ! Néroweg… Néroweg !… lâche bourreau ! j’endurerais ces