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— Chère maîtresse, — dit Geneviève, — venez ; essayons encore. Venez vite.

Et toutes deux, après avoir traversé la cour, arrivèrent auprès de l’entrée de la maison. Les efforts de Geneviève furent aussi vains que ceux de sa maîtresse pour ouvrir la porte. Elle était surmontée d’un demi-cintre à jour ; mais il était impossible d’atteindre sans échelle à cette ouverture… Soudain Geneviève dit à Aurélie :

— J’ai lu, dans les récits de famille laissés à Fergan, qu’une de ses aïeules nommée Méroë, femme d’un marin, avait pu, à l’aide de son mari, monter sur un arbre assez élevé.

— Par quel moyen ?

— Veuillez vous adosser à cette porte, chère maîtresse ; maintenant, enlacez vos deux mains, de sorte que je puisse placer dans leur creux le bout de mon pied : je mettrai ensuite l’autre sur votre épaule ; peut-être ainsi atteindrai-je le cintre, et de là, je tâcherai de descendre dans la rue.

Soudain l’esclave entendit au loin la voix du seigneur Grémion, qui, de l’étage supérieur, appelait d’un ton courroucé :

— Aurélie ! Aurélie !

— Mon mari, — s’écria la jeune femme toute tremblante. — Ah ! Geneviève, tu es perdue !

— Vos mains, vos mains, chère maîtresse, — dit vivement l’esclave. — Encore un effort ; si je puis monter jusqu’à cette ouverture, je suis sauvée.

Aurélie obéit presque machinalement à Geneviève ; car la voix menaçante du seigneur Grémion se rapprochait de plus en plus. L’esclave, après avoir placé l’un de ses pieds dans le creux des deux mains de sa maîtresse, appuya légèrement son autre pied sur son épaule, atteignit ainsi à la hauteur de l’ouverture, parvint à se placer sur l’épaisseur de la muraille, et resta quelques instants agenouillée sous le demi-cintre.