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» — J’ai été malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité !

» Et alors les méchants répondront au Seigneur :

» — Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim ou soif, ou être sans habits ? ou sans logement, ou en prison ?

» Mais le Seigneur répondra :

» — Je vous dis, en vérité, qu’autant de fois que vous aurez manqué de rendre ces services à l’un des plus pauvres parmi les hommes, vous avez manqué me les rendre à moi-même, votre Seigneur Dieu[1] !… »

Au grand chagrin de la foule, émue, attendrie par ces divins préceptes du fils de Marie, que pouvaient comprendre les plus pauvres d’esprit, comme disait le jeune maître, son discours fut interrompu par suite d’un violent tumulte qui s’éleva.

Voici à quel propos : Une troupe de gens à cheval, venant des montagnes, se dirigeant rapidement vers Jérusalem, fut obligée de s’arrêter devant le rassemblement considérable groupé au pied de la colline où prêchait le jeune maître de Nazareth.

Ces cavaliers, dans leur impatience, enjoignirent brutalement à la foule de se disperser et de livrer passage au seigneur Chusa, intendant de la maison du prince Hérode, et au seigneur Grémion, tribun du trésor romain.

En entendant ces mots, Aurélie, femme du seigneur Grémion, pâlit et dit à Jeane :

— Nos maris ! déjà de retour !… Ils reviennent sur leurs pas ; ils vont nous trouver absentes du logis… ils sauront que nous l’avons quitté depuis hier soir… Nous sommes perdues !…

— Avons-nous donc quelque chose à nous reprocher pour être inquiètes ? — répondit Jeane. — N’avons-nous pas écouté des enseignements et assisté à des exemples qui rendent les bons cœurs meilleurs encore ?

  1. Évangile selon saint Luc, ch VI, v. 20-25. — Évangile selon saint Matthieu, ch V v. 1-12, 30 etc.