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Jésus continua :

« Malheur à vous, qui faites toutes vos actions pour vous donner en spectacle aux hommes ! ce pourquoi vous portez de longues bandes de parchemin où sont écrites les paroles de la loi, que vous ne pratiquez pas.

» Malheur à vous qui dites : Si un homme jure par le temple, cela n’est rien… mais s’il jure par l’or du temple, il est obligé à son serment ! »

— Parce que, pour ces mauvais riches, — dit une voix, — rien n’est sacré que l’or ! Ils jurent par leur or, comme d’autres jurent par leur âme… ou par leur honneur !…

« — De sorte que si un homme jure par l’autel, cela n’est rien, — poursuivit Jésus ; — mais quiconque jure par l’offrande qui est sur l’autel est obligé à son serment. Malheur donc à vous, hypocrites ! qui payez scrupuleusement la dîme et qui reniez ce qu’il y a de plus important dans la loi : la justice, la miséricorde et la bonne foi ! C’étaient là des choses qu’il fallait pratiquer sans omettre les autres !… »

— Par les deux pouces de Mathusalem ! — s’écria Banaïas en riant, — tu en parles bien à ton aise, notre ami… Tous ces hypocrites ont dans leurs coffres de quoi, sans se gêner, payer la dîme… et ils la payent… mais où veux-tu qu’ils trouvent cette monnaie de justice, de bonne foi et de miséricorde, que tu leur demandes à ces sépulcres blanchis, à ces avaleurs de chameaux d’iniquités, comme tu les appelles si bien ?…

— Hélas ! le jeune maître dit vrai ! — reprit un autre ; — pour qui n’a pas d’argent, la justice est sourde. Les docteurs de la loi ne vous disent pas à leur tribunal : — Quelles bonnes raisons as-tu pour toi ? — mais : — Combien d’argent me promets-tu ?

— J’avais confié quelques épargnes à Joas, un prince des prêtres, — reprit une pauvre vieille femme, — il m’a dit avoir dépensé l’argent en offrandes pour mon salut… Que faire, moi, pauvre femme,