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fait transparent, et Sylvest vit à travers cette transparence une chambre voûtée dont son regard ne pouvait embrasser qu’une partie. Une lampe, semblable à celles qui brûlent incessamment dans l’intérieur des tombeaux romains, pendait à une chaîne de fer et éclairait ces lieux. Il remarqua, non sans horreur, sur des tablettes placées au long du mur, plusieurs têtes de mort aux os blanchis, mais qui conservaient encore leurs chevelures longues, soyeuses comme des chevelures de femmes… Sur une table couverte d’instruments bizarres, en acier, il vit encore des vases de forme étrange, des mains de squelettes aux doigts osseux, couvertes de pierreries… Et, chose effrayante !… une petite main d’enfant fraîchement coupée… encore saignante !…

Près de cette table un trépied de bronze, rempli de braise, supportait un vase d’airain d’où sortait une vapeur bleuâtre ; de l’autre côté de la table, se trouvait un grand coffre de bois précieux, et au-dessus un miroir composé d’une plaque d’argent bruni. Sur ce coffre était une ceinture rouge, couverte de caractères magiques, pareille à la ceinture que portait la sorcière thessalienne que l’esclave avait vue chez Faustine la nuit précédente. Dans l’un des angles de cette chambre était un lit de repos en bois de cèdre, incrusté d’ivoire et recouvert d’un tapis richement brodé. À la tête de ce lit, s’élevait une petite colonne de porphyre au chapiteau d’argent, précieusement ciselé, sur lequel on voyait placé, ainsi qu’une relique, le sabot d’un âne à la corne luisante comme l’ébène, et tourné de telle sorte que Sylvest s’aperçut que ce sabot avait un fer d’or et que cinq gros diamants remplaçaient les clous de la ferrure. Il crut d’abord cette chambre inoccupée, car son regard ne pouvait en embrasser qu’une partie. Soudain apparut une femme, marchant à reculons et lui tournant le dos. Elle envoyait de nombreux baisers vers un endroit invisible. À demi-vêtue d’une tunique de lin, qui laissait nus ses épaules et ses bras aussi blancs que l’albâtre, cette femme était d’une taille élevée, svelte et aussi accomplie que celle de la Diane des Romains. L’une des