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— Très-clair, seigneur. Je m’introduirai donc chez ma sœur.

— Avec la cassette d’or du Gaulois.

— Cassette que je lui offrirai comme un échantillon de la générosité du seigneur… ?

— Du seigneur Diavole… double butor !… Oui, tu offriras cette cassette à la belle Gauloise comme une faible preuve de ma magnificence de ton maître, qui t’a accompagné, diras-tu, jusqu’à la porte de la maison ; et, pour convaincre ta sœur, tu la feras venir à sa fenêtre, afin qu’elle me voie attendant sur la place… Comprends-tu enfin, pendard ?

— Seigneur, je comprends. Vous vous servirez de l’or du seigneur Norbiac pour séduire la belle Gauloise à votre profit… J’admire tant de génie !

Sylvest avait feint de vouloir servir l’amour de son maître, pour trouver le moyen et la facilité de se rapprocher de Siomara et d’échapper, non aux tortures, il savait les endurer, mais à la prison, dont aurait pu être punie sa dernière absence nocturne, captivité qui l’eût empêché de voir sa sœur aussi prochainement qu’il le désirait.

Le seigneur Norbiac, ayant apporté sa cassette remplie d’or, combla Diavole de nouveaux remerciements, et se retira en le suppliant de l’instruire le plus promptement possible du bon ou du mauvais succès de l’entrevue de Siomara et de l’esclave. Celui-ci, portant la cassette, et suivi de près par son maître, se rendit à la tombée du jour vers le temple de Diane, non loin duquel se trouvait la maison de la belle Gauloise ; il frappa : bientôt, à travers la porte entre-bâillée, il aperçut la figure de l’eunuque, vieillard d’une grosseur démesurée. Au milieu de sa face bouffie, imberbe, grasse et blafarde, l’on ne voyait que deux petits yeux noirs, perçants et méchants comme ceux d’un reptile ; quelques mèches de cheveux blancs sortaient de dessous son chaperon, noir comme sa robe. Il portait des chausses rouges et de vieilles bottines jaunes. Ce vieillard dit brusquement à Sylvest de sa voix claire et perçante :