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la marche des événements se décide, et si plus tard vous êtes réduit à quitter la France avec votre famille, un bateau à vapeur qui m’appartient m’attend au Havre ; nous nous y embarquerons, vous, les vôtres et moi.

— En vérité, monsieur, votre obligeance, l’intérêt que vous me témoignez…

— Je le sais, ma démarche, mes offres, tout a droit de vous surprendre ; vous ne me connaissez pas, vous pouvez supposer que je veux abuser de votre confiance et vous trahir. Rien ne vous prouva enfin que je sois en effet le prince Rodolphe de Gerolstein.

— Ah ! monsieur, je suis incapable d’une pareille méfiance.

— Elle serait pourtant concevable. Voici donc, en résumé, car le temps presse, ce que je vous propose : Ma voiture est à votre porte ; vous allez y monter avec votre fils et moi, emportant ou laissant ici, en un lieu sûr et secret, vos légendes de famille ; nous nous rendrons à la légation de Gerolstein, lieu inviolable, refuge assuré pour vous et votre fils ; et selon le cours des événements qui se préparent, si vous devez plus tard vous expatrier, j’ai, à moins que vous ne soyez prisonnier, les moyens d’assurer votre fuite, celle des vôtres, hors de France. Maintenant, acceptez ou refusez mon offre. Si vous l’acceptez, vous aurez la preuve, en arrivant tout à l’heure à la légation de Gerolstein, que je ne vous ai pas trompé.

— Quel intérêt, monsieur, auriez-vous à me tromper ? Votre physionomie, votre langage, respirent la loyauté : je suis incapable de répondre par d’odieux soupçons au généreux service que vous venez me rendre.

— Vous acceptez ?

— Avec reconnaissance. Permettez-moi seulement d’aller prévenir ma femme, ma fille et mon gendre, de mon départ, et je reviens à l’instant avec mon fils. . . . . . . . . . . .
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Le 12 décembre 1851, onze jours après la première entrevue de Marik Lebrenn et de Rodolphe de Gerolstein, le bateau à vapeur la République universelle sortait de la rade du Havre, gagnant bientôt la haute mer, et se dirigeait vers l’autre hémisphère.

Sur ce bâtiment, qui, nous l’avons dit, lui appartenait, se trouvaient Rodolphe, la famille Lebrenn et plusieurs personnages des Mystères de Paris, du Juif errant et de Martin, l’enfant trouvé, personnages dont quelques-uns de nos lecteurs ont peut-être gardé la mémoire.