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(Plusieurs membres demandent la question préalable sur la proposition de Garat. Vive agitation ; le président réclame et obtient le silence.)

PÉTION. — Je demande la parole pour une motion d’ordre. De quoi s’agit-il ? De donner au roi un conseil ; personne ne peut le lui refuser, à moins d’attaquer à la fois tous les principes de l’humanité ; les lois autorisant Louis Capet à prendre deux défenseurs, il a demandé un conseil. Ce conseil peut être composé d’une ou deux personnes : c’est son affaire. Eh bien ! que cette question très-simple : « Louis XVI pourra-t-il prendre un conseil ? » soit mise aux voix, elle ne peut rencontrer aucune opposition.

La proposition de Pétion est mise aux voix ; il est décrété à l’unanimité que Louis Capet pourra se choisir un conseil, et la séance est levée à cinq heures.

Il ne pouvait rester le moindre doute sur les crimes de haute trahison et d’attentat contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État dont Louis XVI s’était rendu coupable depuis quatre ans, crimes que la loi frappe de la peine de mort ; beaucoup de conventionnels d’abord hésitant, non sur la question de savoir si le roi était coupable, sa culpabilité était flagrante, mais sur l’application de la peine, n’hésitèrent plus après cette séance, où l’accusé venait de se couvrir d’opprobre par l’impudeur de ses dénégations et par la lâcheté de ses impostures.

Louis XVI fut reconduit au Temple avec les mêmes précautions et le même développement de forces militaires que durant son trajet à la Convention, et Jean Lebrenn, son devoir de surveillance accompli, regagna sa demeure.

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Il faisait nuit ; Jean Lebrenn, de retour du Temple depuis une demi-heure, attendait en silence le résultat des réflexions de sa sœur Victoria, qui, assise auprès de sa table de travail, éclairée par une